Mouvement Phases

Phases : un « convertisseur d’énergie »

Pendant plus de cinquante ans, le mouvement et la revue Phases ont joué le rôle que leurs cofondateurs, Édouard et Simone Jaguer, leur avaient assigné dès l’origine : Phases devait et allait être un « convertisseur d’énergie ».

Ce positionnement dynamique leur aura rapidement permis d’assurer un rayonnement international à leurs activités. Dès le milieu des années cinquante, on assiste à la mise en place d’un véritable réseau dont l’étendue et l’efficacité étonnent encore aujourd’hui : correspondants internationaux, collaborateurs et participants en provenance de tous les coins du monde, directeurs d’institutions muséales, de galeries ou de revues, poètes, peintres à la réputation naissante ou établie, ils seront nombreux à rejoindre les rangs de Phases et à contribuer ainsi à la définition d’une avant-garde, à la riche activité littéraire, poétique et plastique, qu’Édouard et Simone Jaguer n’ont eu cesse de documenter tout au long de leur vie, rendant compte de l’effervescence de milieux culturels et artistiques appelés à définir l’Avant-garde de la deuxième moitié du XXe siècle.

La cartographie de ce vaste réseau témoigne de l’ampleur de leur champ de vision.

 

Rétroviseur, catalogue de l’exposition LE MOUVEMENT PHASES DEPUIS 1952 présentée à la Galerie des Ponchettes à Nice, du 5 septembre au 11 novembre 1972, fait la synthèse des activités du Mouvement de 1951 à 1972. 

 

 

Anne Éthuin
Les convertisseurs d'espace, collage revêtu, 69 X 59 cm, 1979

Le Mouvement Phases (1952-2009)

Né de la volonté d’Édouard et Simone Jaguer et de quelques-uns de leurs amis, le mouvement Phases va s’étendre de 1952 à 2009 sur cinq continents. Rejoints dès le premier numéro de la revue Phases qui paraît en janvier 1954 par de nombreux correspondants et collaborateurs, les cofondateurs vont, pendant près de soixante ans, multiplier leurs efforts pour documenter et témoigner de la richesse et de la diversité poétique et plastique de la deuxième moitié du XXe siècle.

De la parution des quinze numéros de leur revue (1954-1975) en passant par les centaines d’expositions qu’ils ont organisées ou auxquelles ils ont contribué et participé (Phases, Studio Paul Facchetti, Paris, 1954, Phases de l’art contemporain, Galerie Creuze, Paris, 1955, Phasen, Stedelijk Museum, Amsterdam, 1957, Phases, Galerie Chuo Koron, Tokyo, 1958, Vues imprenables, Galerie du Ranelagh, Paris, 1963, Exposição Phases, Musée d’Art Contemporain de São Paulo, 1964, Phases, Musée d’Ixelles, 1974, Phases l’expérience continue, Musée des Beaux-Arts André Malraux, Le Havre, 1988, etc.) la parution d’articles dans nombre de revues (Il Gesto, Direzioni, Edda, Documento-Sud, La tortue- lièvre, etc.) et la reconnaissance et la défense des poètes et d’artistes connus et méconnus (Juan-Carlos Langlois, Ladislav Novák, Marie Carlier, Jacques Zimmermann, Anne-Marie Castelain, Bernard Jund, Jean-Claude Charbonel, Suzel Ania, Ludovic Tac, Jean-Pierre Vielfaure, Suzanne Besson, Jacques Lacomblez, Roger Frézin, Jacques Matton, Sara Avilla et tant d’autres) Édouard et Simone Jaguer ont eu le souci constant d’être des révélateurs de l’avant-garde. La relecture des revues Phases, Edda et La tortue- lièvre, entre autres, montre à quel point le réseau qu’ils ont habilement bâti repose sur l’amitié et la collaboration. La revue Edda que fonde Jacques Lacomblez en 1958 est à elle seule un phare unique dans toute cette aventure, elle-même, singulière où le désordre tel que le souhaite Georges Henein dans la lettre de janvier 1952 qu’il adresse à Édouard Jaguer va devenir le nouvel ordre poétique et plastique.

La lecture de la carte du mouvement Phases (1952-2009)* permet de reconnaître l’acuité du regard qu’Édouard et Simone Jaguer posent alors sur le monde qui les entoure. Phases est incontestablement l’une des promesses du XXe siècle faite à ceux qui savent voir et entendre.

Affiche Phases numéro 1
Affiche annonçant la parution du
No 1 de la revue Phases, 1954

Cette carte permet non seulement de prendre la véritable mesure de l’action mais aussi d’imaginer l’engagement d’Édouard et Simone Jaguer et de tous leurs correspondants et collaborateurs à une époque où la technologie qui favorise, aujourd’hui, les rapprochements n’existait tout simplement pas.

En accord avec la volonté de son mari, Simone Jaguer a souhaité que sa mort marque la fin historique du mouvement cofondé en 1952.

*On peut consulter cette carte à la section Cartographie.