C'est de façon consensuelle, dans le cadre d'échanges lors des passages à Paris de Pierre Boulay et de Gilles Petitclerc que se décidait le contenu de chaque numéro, contenu qui visait essentiellement la découverte ou la redécouverte, la reconnaissance des écrivains, des poètes, des peintres et des sculpteurs défendus leur vie durant par Édouard et Simone Jaguer. Pour eux, La tortue-lièvre devait témoigner des grandes amitiés qui ont jalonné l'aventure du mouvement Phases de 1952 à 2009. Il fallait poursuivre la défense des amis en leur assurant, même modestement, une vitrine.
L'amitié n'a eu cesse de définir le contenu de La tortue-lièvre. Le souvenir de l'un, le goût de faire plaisir à un autre bref, le désir de maintenir vivant l'apport des uns et des autres au dynamisme du mouvement Phases, tel était le but poursuivi par les quatre amis.
Partageant généreusement leur important fonds d'archives, mettant à profit leur vaste réseau de contacts, Édouard et Simone Jaguer ont ainsi proposé pendant toutes ces années à La tortue-lièvre la nourriture nécessaire à sa subsistance. Cette dernière leur doit donc énormément. Comme suite à un amical coup de fil ou à une missive rappelant les riches heures du passé, les amis de Phases ont généreusement expédié à Montréal à l'intention de La tortue-lièvre une extraordinaire quantité, de textes, de poèmes, voire d'œuvres, le tout dans l'unique but de nourrir le petit hybride impossible à rassasier. Jamais, il n'a été question de droits d'auteur, ou de redevances. L'amitié et le plaisir de participer à une activité collective auront été déterminants dans cette belle aventure.
La tortue-lièvre s'est essentiellement nourrie de l'amitié qu'ont cultivée pendant plus de soixante ans Édouard et Simone Jaguer.
Comme le rappelait Édouard Jaguer dans son poème Concession perpétuelle paru dans la revue Edda, numéro 2 en mars 1959 :